communiqué
Quelle reprise ?
Une enquête réalisée ces derniers jours auprès de plus de 500 musiciens et musiciennes montre que la reprise des concerts reste plus qu’hypothétique pour beaucoup et que la prolongation de l’année blanche de 4 mois seulement est insuffisante pour éviter les baisses d’allocations en janvier.
Les annonces tardives du gouvernement, notamment sur l’autorisation de concerts “debout”, ont empêché nombre d’organisateurs de spectacle de programmer des évènements cet été. L’incertitude qui règne sur les décisions finales des préfets ou des maires fait que beaucoup s’abstiennent de prendre le risque d’engager des frais et de signer des contrats avec des artistes. D’un point de vue financier, si certains acteurs recherchent des solutions du côté des aides déployées par le Centre National de la musique (CNM), beaucoup d’autres sont sans solution. C’est le cas des organisateurs de manifestations gratuites qui caractérisent normalement la vie musicale estivale.
La cacophonie des annonces ministérielles a provoqué des situations ubuesques, trouvant leur apogée autour de la fête de la musique : concerts dans les bars d’abord interdits, puis autorisés à la dernière minute alors que la plupart étaient, logiquement, annulés : les artistes programmés initialement ne seront pas indemnisés par le chômage partiel qui n’a de toute façon quasiment jamais fonctionné pour eux.Le mouvement social inédit, qui a vu depuis le mois de mars une centaine de théâtres et de lieux culturels occupés dans tout le pays, a porté la revendication d’un vaste plan de soutien à l’emploi artistique. En le limitant à quelques dizaines de millions d’euros, le gouvernement n’a pas pris la mesure des besoins. Mais le pire est sans doute que les annonces faites en ce sens par Roselyne Bachelot et Elysabeth Borne lors du Conseil National des Professions du Spectacle (CNPS) du 11 mai ne se sont encore caractérisées par aucune annonce concrète en direction de nos potentiels employeurs. On évoque aujourd’hui des aides qui pourraient être annoncées courant juillet (y compris celles pour le Off d’Avignon qui commence dans quelques jours !) et dont le paiement n’interviendrait qu’à l’automne. C’est mal connaître la fragilité du secteur musical, caractérisé notamment par une myriade de petites associations, que d’imaginer qu’en procédant de la sorte on va réellement soutenir l’emploi des artistes cet été.
Pire, dans un contexte où les artistes et les groupes sont dans une dramatique course aux concerts, le spectre du travail au noir sous ses diverses formes (paiement en liquide, facture sans bulletin de salaire, déclaration de la moitié des artistes seulement…) ressurgit plus que jamais.
Dans ces conditions, fort logiquement, les artistes constatent qu’ils ne reprendront que très partiellement le travail cet été. Nous publions (cliquer ici) les premiers résultats d’une enquête en ligne menée ces derniers jours auprès des professionnels qui le confirme.
Le refus du gouvernement de prolonger l’année blanche au- delà de 4 mois au motif que la reprise du travail permettra à chacun de faire le nombre d’heures nécessaire ne va faire qu’aggraver la situation des musiciens et musiciennes qui, après des mois de baisse de revenus dû à l’absence de concerts vont mécaniquement subir en janvier une baisse de leurs allocations chômage faute d’avoir suffisamment travaillé. C’est la double peine. La Ministre de la Culture Roselyne Bachelot et le gouvernement ont soutenu financièrement “quoi qu’il en coûte” les entreprises, notamment les plus grosses, pour qu’elles traversent la crise. L’effort n’a pas été le même pour les artistes.
En ce début d’été nous appelons les artistes à continuer leurs mobilisations sous toutes les formes.